Aujourd'hui, une journée absolument banale... Une journée de vacance qui dure et dure... Cette fois, je suis tout seul. Tout le monde bosse... Et puis, il faut dire que beaucoup de gens sont partis d'ici. Elle est partie sur Paris et travaille désormais pour une grande école à la Défense. Elle ? Elle est partie en gendarmerie et travaille désormais à l'autre bout du département. Lui ? Il continue ses études à l'autre bout de la France. Je sais aussi que Lui travaille en vendée, je l'ai vu il n'y a pas si longtemps... et Eux, ce fut une guerre des distances qui eut raison de nos liens...
J'ai réussi quand même à retrouver ces trois là, fidèles à tout ce que nous avions vécu, ça m'a fait beaucoup de bien de constater que certaines choses n'avaient pas bougées.
J'ai aussi trouvé drôle que certaines personnes que je n'avais fait que croiser par le passé puissent tout d'un coup se rapprocher à ce point là, des années après les avoir vue pour la dernière fois.
Entre retrouvailles, souvenirs et rencontres.
Cette grande maison vidée depuis un bon moment de toutes émotions, ces terres laissées à l'abandon... J'ai quand même réussi à la faire revivre une dernière fois. Mais après ces rires, ces débats, ces conneries, ces longues nuits et ces matins difficiles, après ces bouteilles, ces grillades, ces ramens, ces pizzas, après ces quelques semaines de Vie, tout le monde est parti et ça va bientôt être mon tour.
Je ne sais pas trop quoi en penser finalement. Ces derniers jours ont été propices à la réflexion.
Encore une fois j'ai pris conscience de beaucoup de choses et je comprends mieux certains de mes choix. C'est franchement con de s'en rendre compte alors que l'on décide de remiser sa vie pour voir si, encore une fois, on peut trouver mieux.
Il faut que j'arrête de jouer parce que ça finira par simplement me conduire au pied du mur. Pour une fois j'ai atteins une position que j'aime. Il faut simplement que je cesse de m'attacher à ces gens formidables pour évoluer. Il faut que je parte. Tant pis si je ne me sens pas à la hauteur. Des camarades l'ont fait avant moi et ils n'avaient pas le choix, eux. Si je dois évoluer, je dois le faire maintenant car si j'attends encore longtemps, je serais incapable de bouger.
Cependant, je ne dois plus être aussi radical... Je ne peux absolument pas tout remettre en cause. Le coup de tout jeter et recommencer à zéro ailleurs c'était bon il y a quelques années, maintenant je ne dois plus me le permettre. A force de faire un pas en avant et deux en arrière je recule plus que je n'avance.
Il faut arrêter de s'accrocher à ces idées de grandeur, ces idées de gloire et de reconnaissance. Il faut aussi que j'arrête de penser justice et égalité. Ça n'existe pas et si je persiste, j'aurais encore longtemps l'air abruti quand on viendra m'étaler sous mes yeux naïfs ces résultats écœurant de société moderne gangrenée... Que voulez vous que je fasse ou dise ? Promettre que ça ira bien, qu'il faut croire en les lois et ne pas s'en faire ? J'aimerais y croire... Mais c'est moche de ne pas toujours voir la lumière. C'est moche de voir cette dérive, ce manque de volonté, ce dédain des valeurs que je m'étais chargé de diffuser... Diffuser ? Mais à qui ? Je n'ouvre plus la bouche pour en parler avec n'importe qui car cela ne passe pas.
Qui est ce que je sers aujourd'hui ? Mon pays oublié ? L'Etat insolent ? Le peuple insultant ?
Même ça je ne le sais plus...
Moi ? C'est peut être moi que je sers ... Finalement... Parce que MERDE, il est hors de question que je m'assieds sur ces sacrifices ! Ces journées à apprendre, ces mois de préparation physique, ces discours, ces envies.
Ça ne sert peut être à rien mais si je ne crois même plus en tout ce que j'ai bien pu dire... Je ne vois pas comment les gens pourraient y croire. Ce n'est plus comme je l'avais imaginé. C'est au niveau personnel que cela se joue maintenant. Faire du mieux que l'on peut... Je dois continuer de m'investir, de croire en ce que je fais. Je dois continuer à faire mon boulo correctement, je dois persister à répondre du mieux que je le peux aux attentes des gens qui font appel au « moi policier ». Je me fou pas mal du résultat, des crachats et finalement, du désordre. Je ne suis plus là pour mettre de l'ordre dans les rues, je suis là simplement pour aider ceux qui en ont besoin. Je vais devoir freiner mes ardeurs et attendre le jour où l'on aura, finalement, besoin de moi pour remettre de l'ordre dans ce pays décadent.
Je vais me raccrocher à ceux qui ont estimé mon aide, ceux qui m'ont fait savoir leur contentement de mon intervention. Ces anonymes qui m'ont remercié, qui m'ont serré la mains, qui m'ont souri... Je vais continué de penser à ceux à qui j'ai réussi à donner une bonne image de notre métier. Sauvant ainsi l'honneur du sacrifice de nos ainés...
Je n'y arriverais pas tout seul, mais je sais aussi que d'autres font ce qu'ils peuvent de leur coté... Je continuerais aussi à chercher cette cohésion et je vais persister à m'attacher à cette ambiance, ces odeurs, ces images parce que tout ça fait partie de mon boulo et participent à me le faire aimer.
Wala, j'ai encore pété un câble...
Je ne veux surtout pas me faire avoir, me faire assassiner par l'administration que je sers ou par les gens qui dépendent du petit rôle que je tiens. Mais je ne veux pas non plus baisser les bras et entamer l'ascension vers les sommets du désintérêt total ou du « blasage » absolu (appelons ça comme on le souhaitera ).
'Puis, je ne me sens pas encore prêt à mettre de coté cette condition de flic. Pourtant, dieu sait que je rame. La moitié du salaire qui s'envole dans les obligations et l'impossibilité de mener à bien des projets pourtant aussi vieux que celui du port de cet uniforme... De quoi en avoir plein le c*l... Mais finalement, c'est un choix...
Je pars encore une fois en vrille ^^