mercredi 17 mars 2010
Servir...
Il est pour certains horrible de penser mettre sa vie entière au service d'une cause. Certains divisent en deux la leur propre et s'en approprient une partie qu'ils consacrent à (ce qu'ils appellent) "leur vie privée". Mais pourquoi la diviser ? Notre vie n'est qu'une seule et séparer sa vie privée de sa vie professionnelle en parlant d'amis, de famille, de "pause" et j'en passe est pour moi quelque chose d'incongru... Les répercussions de l'une sur l'autre sont, de toutes manières inévitables. Il faut bien au contraire les faire s'embrasser et fondre en une seule et unique afin de mieux en comprendre les rouages profonds...
Moi je choque mes camarades policiers en leurs déclarant pouvoir m'investir dans mon travail au delà de leurs propres limites (limites qu'ils s'imposent avec leur dite "vie privée"). Je sers la République et je sais que ce dévouement ne sera jamais récompensé à sa juste valeur.
Je peux comprendre le dégout de certains qui, après 20 ans d'investissements, se voient réduit à aucune reconnaissance de celle qu'ils ont toujours su servir avec fierté : La Patrie.
Seulement voila... Il y a une chose énorme qui me sépare d'eux... La clé qui peut permettre de comprendre mon point de vue ou, à contrario, me désapprouver.
Moi je n'attends rien, je n'attends absolument rien de ceux que je sers. Bien pire encore : je sais pertinemment que je me fais avoir et je persiste dans ma volonté à m'écorcher pour ce dévouement.
Moi-même je ne comprends pas forcément d'où vient cette ardeur... de ma jeunesse ? (comme aiment me rappeler certains effectifs), de ma naïveté ? AH ! J'en doute, car j'ai conscience du monde corrompu dans lequel nous évoluons... Je sais qu'il peut être bénéfique d'oublier son travail quand on finit sa vacation... Je peut comprendre qu'il puisse être bon de se plonger dans "autre chose" que le quotidien auquel nous sommes confronté... oui je peux le comprendre mais je ne peux le concevoir pour ma personne.
Mon métier m'apprend, il me fait grandir chaque jour un peu plus, il me fait aimer et détester, il me fait évoluer, il me fait vivre. Comment je pourrais le renier une fois l'heure de rentrer à la maison arrivée ? Ce métier, c'est un état d'esprit, comment pourrais-je renier cet état d'esprit une fois l'uniforme retiré ? Ce métier c'est Moi et si je ne l'assume pas complètement c'est que je ne m'assume pas non plus dans mon intégrité .
Je sers la Loi, la République, mes concitoyens et que je sois au taff ou non ! Je suis dévoué, voilà tout. Je ne suis qu'un serviteur misérable aux compétences limitées qui ne cesse d'être confronté aux tentations de corruption de ses valeurs mais qui ne peux tout simplement pas faire autre chose qu'allé droit. Je ne suis qu'un pathétique policier qui persiste à faire en permanence ce qu'il peut pour faire son métier d'une manière irréprochable. Je ne suis que le néant, le "rien", un maillon d'une chaine imparfaite (voir rouillée) qui continue, chaque jour, à croire en ce qu'il fait, à aimer ce qu'il fait. Je n'ai que deux malheureux mois de service et j'ai déjà compris ça depuis plusieurs années : Je suis un Serviteur.
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En lisant ce que tu as écrit, je me dis que c'est formidable qu'il y ait des gens comme toi... car oui c'est rare, ça ne court pas souvent les rues, ceux qui pensent que vie professionnelle et vie privée ne peuvent aucunement s'allier, sont radicalement opposer. Je crois que c'est la mentalité des gens qui a changé : il y en a de moins en moins qui pensent que le travail, c'est l'un des rêves de la vie. Le travail est plus considéré comme un gagne pain, comme quelque chose qui permet de satisfaire ses besoins essentiels.
RépondreSupprimerServiteur...de l'humanité ? Et tu es à peine récompensé. Quel courage.