mardi 28 septembre 2010

Méninges

Aujourd'hui, une journée absolument banale... Une journée de vacance qui dure et dure... Cette fois, je suis tout seul. Tout le monde bosse... Et puis, il faut dire que beaucoup de gens sont partis d'ici. Elle est partie sur Paris et travaille désormais pour une grande école à la Défense. Elle ? Elle est partie en gendarmerie et travaille désormais à l'autre bout du département. Lui ? Il continue ses études à l'autre bout de la France. Je sais aussi que Lui travaille en vendée, je l'ai vu il n'y a pas si longtemps... et Eux, ce fut une guerre des distances qui eut raison de nos liens...


J'ai réussi quand même à retrouver ces trois là, fidèles à tout ce que nous avions vécu, ça m'a fait beaucoup de bien de constater que certaines choses n'avaient pas bougées.

J'ai aussi trouvé drôle que certaines personnes que je n'avais fait que croiser par le passé puissent tout d'un coup se rapprocher à ce point là, des années après les avoir vue pour la dernière fois.


Entre retrouvailles, souvenirs et rencontres.




Cette grande maison vidée depuis un bon moment de toutes émotions, ces terres laissées à l'abandon... J'ai quand même réussi à la faire revivre une dernière fois. Mais après ces rires, ces débats, ces conneries, ces longues nuits et ces matins difficiles, après ces bouteilles, ces grillades, ces ramens, ces pizzas, après ces quelques semaines de Vie, tout le monde est parti et ça va bientôt être mon tour.


Je ne sais pas trop quoi en penser finalement. Ces derniers jours ont été propices à la réflexion.

Encore une fois j'ai pris conscience de beaucoup de choses et je comprends mieux certains de mes choix. C'est franchement con de s'en rendre compte alors que l'on décide de remiser sa vie pour voir si, encore une fois, on peut trouver mieux.

Il faut que j'arrête de jouer parce que ça finira par simplement me conduire au pied du mur. Pour une fois j'ai atteins une position que j'aime. Il faut simplement que je cesse de m'attacher à ces gens formidables pour évoluer. Il faut que je parte. Tant pis si je ne me sens pas à la hauteur. Des camarades l'ont fait avant moi et ils n'avaient pas le choix, eux. Si je dois évoluer, je dois le faire maintenant car si j'attends encore longtemps, je serais incapable de bouger.


Cependant, je ne dois plus être aussi radical... Je ne peux absolument pas tout remettre en cause. Le coup de tout jeter et recommencer à zéro ailleurs c'était bon il y a quelques années, maintenant je ne dois plus me le permettre. A force de faire un pas en avant et deux en arrière je recule plus que je n'avance.

Il faut arrêter de s'accrocher à ces idées de grandeur, ces idées de gloire et de reconnaissance. Il faut aussi que j'arrête de penser justice et égalité. Ça n'existe pas et si je persiste, j'aurais encore longtemps l'air abruti quand on viendra m'étaler sous mes yeux naïfs ces résultats écœurant de société moderne gangrenée... Que voulez vous que je fasse ou dise ? Promettre que ça ira bien, qu'il faut croire en les lois et ne pas s'en faire ? J'aimerais y croire... Mais c'est moche de ne pas toujours voir la lumière. C'est moche de voir cette dérive, ce manque de volonté, ce dédain des valeurs que je m'étais chargé de diffuser... Diffuser ? Mais à qui ? Je n'ouvre plus la bouche pour en parler avec n'importe qui car cela ne passe pas.

Qui est ce que je sers aujourd'hui ? Mon pays oublié ? L'Etat insolent ? Le peuple insultant ?

Même ça je ne le sais plus...


Moi ? C'est peut être moi que je sers ... Finalement... Parce que MERDE, il est hors de question que je m'assieds sur ces sacrifices ! Ces journées à apprendre, ces mois de préparation physique, ces discours, ces envies.

Ça ne sert peut être à rien mais si je ne crois même plus en tout ce que j'ai bien pu dire... Je ne vois pas comment les gens pourraient y croire. Ce n'est plus comme je l'avais imaginé. C'est au niveau personnel que cela se joue maintenant. Faire du mieux que l'on peut... Je dois continuer de m'investir, de croire en ce que je fais. Je dois continuer à faire mon boulo correctement, je dois persister à répondre du mieux que je le peux aux attentes des gens qui font appel au « moi policier ». Je me fou pas mal du résultat, des crachats et finalement, du désordre. Je ne suis plus là pour mettre de l'ordre dans les rues, je suis là simplement pour aider ceux qui en ont besoin. Je vais devoir freiner mes ardeurs et attendre le jour où l'on aura, finalement, besoin de moi pour remettre de l'ordre dans ce pays décadent.

Je vais me raccrocher à ceux qui ont estimé mon aide, ceux qui m'ont fait savoir leur contentement de mon intervention. Ces anonymes qui m'ont remercié, qui m'ont serré la mains, qui m'ont souri... Je vais continué de penser à ceux à qui j'ai réussi à donner une bonne image de notre métier. Sauvant ainsi l'honneur du sacrifice de nos ainés...

Je n'y arriverais pas tout seul, mais je sais aussi que d'autres font ce qu'ils peuvent de leur coté... Je continuerais aussi à chercher cette cohésion et je vais persister à m'attacher à cette ambiance, ces odeurs, ces images parce que tout ça fait partie de mon boulo et participent à me le faire aimer.


Wala, j'ai encore pété un câble...

Je ne veux surtout pas me faire avoir, me faire assassiner par l'administration que je sers ou par les gens qui dépendent du petit rôle que je tiens. Mais je ne veux pas non plus baisser les bras et entamer l'ascension vers les sommets du désintérêt total ou du « blasage » absolu (appelons ça comme on le souhaitera ).

'Puis, je ne me sens pas encore prêt à mettre de coté cette condition de flic. Pourtant, dieu sait que je rame. La moitié du salaire qui s'envole dans les obligations et l'impossibilité de mener à bien des projets pourtant aussi vieux que celui du port de cet uniforme... De quoi en avoir plein le c*l... Mais finalement, c'est un choix...

Je pars encore une fois en vrille ^^

vendredi 10 septembre 2010

Feu

Je tire depuis l'age de 17 ans en fin de compte. Ma première arme ? Le FAMAS.

A cette même époque j'ai aussi tiré avec l'ANF1, une arme à dotation collective qui m'encombrait plus qu'autre chose. On m'avait dit "vas y, 'faut pas hésiter, tir!"et je me souviens d'une prise à partie durant laquelle je m'étais retrouvé plonger dans des ronces afin de mettre sur pied l'engin...
ça pour tirer, j'ai tiré... Les agresseurs se trouvant en bas d'un genre de colline, nous dans les ronces sur les flancs de cette dernière, on n'avait pas hésité. Je me souviens des ordres de mon sergent. J'avais THE machin, j'ai donc pressé la détente et laissé filer les bandes de munitions comme si ma vie en dépendait.
Tu parles; ça s'enrayait en permanence, j'ai du finir au FAMAS car impossible de débloquer la culasse... Nous les avons quand même mis en déroute... Incapable de se mettre à couvert en bas, ils avait fini par recevoir des renforts et c'est nous qui avions fini par être sur le fil.
C'est donc à la grenade que nous avons riposté... L'une d'entre elles avait atterri sur le casque d'un gars qui se trouvait dans le camps adverse... On s'était bien fait tuer.

Une nuit aussi, alors de garde dans un exercice à vocation "réelle". Je m'étais retrouvé à la garde d'un bivouac... Je me revois encore à 2h du matin, dans mon pseudo trou de combat avec l'anf1 et ma vieille radio... Les lunettes de visée nocturne me permirent de me rendre compte de l'approche discrète d'un groupe d'indésirables qui, armés, arrivaient certainement pour nous massacrer...
Je pris aussitôt attache avec mon sergent qui dormait dans son abris de fortune... La radio défectueuse je me retrouvais seul... J'ai dès lors constaté que sur le groupe qui me faisait face à quelques mètres sans me voir, un des gars avait disparu... Un brigadier vint me rejoindre à ce moment précis. Lui faisant part de la situation critique il me dit qu'il n'y avait pas à hésiter et se saisit de l'arme lourde, envoyant une salve dans la direction des assiégeants.

"Il ne faut pas hésiter !"

Ce fut alors l'assaut.

L'ennemi qui se sentait acculé cru ne pas avoir le choix et déferla sur le camp endormi. Des tirs, des tirs, des rafales de trois... Moi dans mon trou à viser et tirer pour descendre un maximum de ces salopards...

Je finis par comprendre où était passé le mec qui avait disparu des lignes ennemis quelques minutes plus tôt.
J'étais la sentinelle et c'est moi qu'il visait.

Il sauta de ma gauche sans que je puisse réagir et atterri dans mon enclave.
Il me saisit alors à la gorge et tenta de faire pression en me disant que j'étais mort.
C'était un brigadier, je le reconnaissais dans le noir. Mes lunettes infrarouges étaient tombées sur le sol et je me retrouvais avec un poids énorme sur le ventre qui m'empêchait de bouger comme je le voulais.
Entendant quelques collèges crier derrière car, surpris dans leur sommeil, je finis par brandir le famas au dessus de ma tête pour tirer en l'air. Le gars sur moi, surpris, lâcha prise et je balança l'alerte "LA VEDETTE A ETE PRIIIISE !! LA VEDETTE A ETE PRIIIISE !!!" Je me revois balancer cette phrase débile... l'autre m'étrangla un peu plus fort en me disant de me taire mais je persistais à tirer en l'air pour alerter les coéquipiers endormis... Il finit par se saisir d'une lame et me l'appliqua sur la gorge en me disant que cette fois j'étais mort... Voilà... J'étais mort égorgé...

Je ne pouvais plus rien faire... Les agresseur finir par instaurer le désarroi au milieu du bivouac. J'entends encore le silence après le gros de l'agression, ce silence morbide alors que je savais que mon propre assassin était encore au milieu de nos lignes... j'entends encore mon sergent demander si tout allait bien, pensant avoir repousser tous ces bâtards... Il faisait nuit noire, sous les arbres, impossible de distinguer parfaitement les rares silhouettes perceptibles... C'est comme ça que ma chef se fit, elle aussi égorger par derrière et comment, notre petit groupe de combat, se fit massacrer une nuit d'été bien fraiche...

Pas mal d'aventures encore...

Ce jour ou, progressant en raz campagne sur un chemin désert on finit par se rendre compte qu'un groupe de combattant nous attendait à l'angle que faisait celui ci pour nous tendre une embuscade...
Une coéquipière ouvrait la voie et j'étais le second... Je me revois me jeter sur le coté avec elle, entrainant le reste du groupe. Tout le monde n'avait pas vu, mais tout le monde nous faisait confiance car nous éclairions.
Le feu fut ouvert, je me revois sur le sol chauffé à blanc par ce soleil d'aout en train de fouiller ma musette pour en sortir les grenades. Je ré-entends les cris, les tirs, il fallait se dégager de cette situation. On finit par massacrer ces crétins. L'anf1 fut mise en place et, nous devant, ouvrîmes la voie...

Il y eu aussi cet assaut organisé dans la plaine. De l'herbe qui nous arrivait jusqu'à mi-genoux, un soleil qui nous tuait plus qu'autre chose...
Ces déplacements tactiques, ces jetées au sol avec ces écorchures, ces montées d'adrénaline... Ces ouvertures de feu... " POUR UN TIR DE 15 CARTOUCHES ! FEU !"

Il y a eu aussi le Pistolet Automatique MAC 50, celui-ci... tout un art à employer... Pas super super précis, il valait mieux tirer sur quelqu'un qui ne se trouvait pas à plus 30m...

J'ai aussi utiliser l'AT4CS ( http://www.youtube.com/watch?v=7IH5nFAi16E ). Arme impressionnante supposée nous protéger des groupements mécanisés... Je me souviens du "module Bravo"... Ce combat qui s'est finit devant un tank sous une pluie battante... Je m'en souviens même très bien... J'étais alors le Tireur de Précision du groupe et c'est une collègue féminine qui avait en charge cette arme. La meilleure d'entre nous pour son exploitation.
Durant ce module, j'avais eu pour charge les cibles situées à plus de 300m, certaines en mouvement. On avait fait mouche tous ensemble; mes collègues me protégeant de celles plus proches, celles supposées m'emmerder. On s'est couchés ensemble, avons gueulé ensemble, avons douillé ensemble... Ces armes qui finissaient pas peser des tonnes autour de nos cous... Ces armes qui dormaient entre nos jambes ou blotties contre nos poitrines... réactifs... il fallait être réactifs et ne jamais oublier le "risque". Combien de fois je me suis bruler les mains à vif avec le canon bouillant de la 7.62... Tout ce que je serais prêt à donner pour retrouver ces sensations, ces odeurs, ces douleurs... Bientôt peut être, mon job me le permettra à nouveau... Mais ce jour là, il y a de fortes chances pour que l'on en vienne à regretter cette période d'accalmie car si j'en arrive à retrouver ces équipements, c'est que les temps seront troublés et que la paix sera devenue une douce utopie...

'Puis, Il y eu aussi le lance grenade, avec le FAMAS FLG, là encore, ce fut une expérience incroyablement dopante...

Il faut nous voir, rampant, dans des conduits en bétons enterrés, on ne pouvait même pas s'y tenir accroupis, il faisait nuit, notre rôle était de les emprunter pour surprendre l'adversaire au cœur même de son bastion situé dans un village... On devait se tenir par les ceinturons pour ne pas se perdre...
Idem quand on dut attaquer un campement retranché dans une foret, en lisière... On avait alors du traverser toute une plaine qui lui faisait face... je me souviens de cette rivière qui la scindait en deux... ce bruit d'eau continue... on voyait même pas ou on collait les pied et pourtant, on avait l'impression d'être des cibles idéales... quand on arriva au coeur du campement ennemi sans éveiller les moindres soupçons (mise à part... ce collègue qui était tombé dans un trou de combat réveillant une sentinelle lol) on était complètement trempés...

Après ce fut la police... là c'est le maniement du Sig Sauer Pro 2022 que l'on nous inculqua... Comment tirer en gueulant des ordres, en se mangeant des plots sur la tronche, de nuit avec juste la lueur de gyrophares pour nous aider et en se faisant insulter ? En passant par l'ecole de police et en ayant un bon moniteur de tir...

Cette arme, je la connais par coeur, autant que le famas au bout du compte... Je sais que c'est la moindre des choses car un jour elle pourra me sauver la vie...
Je me souviens de ce cambriolage en cours... On avait été requis par la station directrice à un appartement...
Moi et ma collègues nous étions rendus sur place.
Nous avions progressé doucement... un mec était alors sortis de l'appartement ouvert qui nous avait été signalé. Il était armé et portait une cagoule... Je le braqua aussitôt. " LACHE TON ARME ! CONTRE LE MUR !! CONTRE LE MUR J'TE DIS !!" Arrivé à coté de lui, un complice caché dans une trappe à compteur électrique derrière nous surgit. Je fut abattu en premier et ma collègue suivit après...

Ce cambriolage de banque aussi... VMA en cours à une banque... Nous avions déboulé comme ça. Je tenais la situation, le mec était les mains en l'air et ne bougeait pas... LA cagoule et son arme automatique firent peur à ma coéquipière qui le descendit dès qu'elle colla un pied hors du véhicule...

Des aventures du genre, j'en ai pleins en réserve et les armes m'y ont été présentés sous toutes les coutures. Je sais que c'est facile à utiliser par la simplicité qu'il y a à viser et appuyer quand on est bon en tir... Je sais aussi à quel point c'est difficile car on sait qu'une fois que le coup sera parti, on ne pourra plus faire marche arrière...

Il me reste encore pas mal d'armes à maitriser... Ma formation m'y conduira.